Collège de Pataphysique

Collège de Pataphysique

Collège de 'Pataphysique

Invention – Typographie – Éditions originales

À l’occasion de son édition de novembre 2021 Page(s présente une exposition des publications du Collège de ’Pataphysique.

Publications choisies pour leur originalité, leur variété, leurs qualités littéraires et artistiques, leur goût du jeu avec les codes – et parfois les manies – de l’univers de la bibliophilie.

Pour le Collège de ’Pataphysique, il s’agit de faire entendre que la bibliophilie n’est pas obligatoirement synonyme de luxe mais bien plutôt d’invention.

Typographie : la queue du Chat noir grâce à la rallonge du T dans le caractère « Française légère » de George Auriol. (Cahier no 17-18, 1954.)

Société de recherches « savantes et inutiles » fondée en 1948 pour promouvoir la Pataphysique « en ce monde et dans tous les autres », le Collège de ’Pataphysique s’est attaché dans ses publications à pousser la quête du format, l’invention typographique, la singularité de ses éditions originales ou de sa revue dans des retranchements inusités.

L’exposition ici présentée est orientée vers ces aspects éditoriaux qui ont édifié les amateurs, de pair avec les textes dont le caractère décapant était ainsi mis en évidence.

 

Première publication du Collège de ’Pataphysique : Oraison funèbre de Mélanie le Plumet, par le docteur I. L. Sandomir (1949). Impression or sur papier noir.

La Pataphysique, « inventée » par le jeune Alfred Jarry dans le folklore de son lycée, à Rennes à partir de 1888, mise en scène par lui dans Ubu roi (1896) et définie par son docteur Faustroll comme « science des solutions imaginaires » et « science du particulier » — « quoiqu’on dise qu’il n’y a de science que du général » — a été illustrée au sein du Collège par des esprits aussi libres et divers que Raymond Queneau, Eugène Ionesco, Marcel Duchamp, Max Ernst, Boris Vian, Jean Dubuffet, Jean Ferry, Jean-Christophe Averty, Fernando Arrabal, Panamarenko, Simon Leys, outre les savants exégètes qui ont fondé l’étude d’Alfred Jarry ou de Raymond Roussel.

Alfred Jarry, Tatane (1954)
Hommage à Farfa le Futuriste, premier Recteur Magnifique de l’Institut Pataphysique Milanais (1965).
 Boris Vian, Les Bâtisseurs d’empire, édition originale (1959).
Eugène Ionesco, préoriginale de La Cantatrice chauve dans le Cahier no 7 (septembre 1952)
 Boris Vian, Les Bâtisseurs d’empire, édition originale (1959).
Simon Leys, Fable d’Acadème (2017). Dans cet écrit de jeunesse le Satrape Simon Leys décrivait le fonctionnement du Département de Pataphysique Appliquée de l’université de Tombouctou.

BERNARD Noël

BERNARD Noël

BERNARD Noël

invité d’honneur du 22e Salon Page(s, 2019

Il a collaboré à la réalisation d’un très grand nombre de livres d’artiste : plus de trois cents ont été recensés à ce jour.

Bernard Noël est né le 19 novembre 1930 à Sainte-Geneviève-sur-Argence (Aveyron). Il est décédé en 2021.

Marqué par les évènements et les engagements de sa génération – guerre d’Algérie et du Vietnam, désenchantement des promesses du communisme, crimes de Staline, censure omniprésente… – il publie peu à ses débuts, bien qu’il vive de travaux d’écriture. Mais il développe bientôt une «écriture du corps» fortement teintée d’érotisme au moyen de laquelle il interroge sa propre identité autant que le regard, le langage, le sens. Le Château de Cène sera un des derniers ouvrages condamnés par la justice française pour outrage aux mœurs.

Son œuvre s’épanouit alors, en abordant tous les genres : romans, récits, pièces de théâtre, essais, monographies de peintres, etc.

La poésie y tient une place centrale depuis Extraits du corps (Paris, Editions de Minuit, 1958). Elle sera très souvent récompensée : Bernard Noël se verra décerner, entre autres, le Grand Prix national de Poésie en 1992 et le Prix international de Poésie Gabriele d’Annunzio en 2011. Il a collaboré à la réalisation d’un très grand nombre de livres d’artiste : plus de trois cents ont été recensés à ce jour.

Un site internet recense l’ensemble de ses œuvres : http://atelier-bernardnoel.com/

Bernard Noël
Bernard Noël
Bernard Noël

Des livres pour résister

« il y eut l’avant il y eut l’après et la vie de derrière le dos et la vie de devant les yeux on a perdu le milieu » (1)

Le Syndrome de Gramsci(2) ? En tout cas cela y ressemble. Quel est le nom de la librairie où L’Ombre du double (3) se trouvait en bonne place ?

Avant ? Tristan Corbière et sa Rapsode foraine (4) avait inspiré magnifiquement Malo Renault, et Roger Vercel avait confié l’illustration de son roman En dérive(5) à Yvonne Jean-Haffen. Puis un saut dans le présent avec la découverte des éditions Folle Avoine (6) lors d’un improbable et éphémère salon du livre dans une petite ville de campagne et une soirée de présentation des éditions Hôtel Continental (7) dans une des premières Maisons de la Poésie.

(1) Un Livre de fables – Fable des mots nés, Fata Morgana, 2008. (2) PoL, 1994 ; repris chez le même éditeur dans La Comédie intime, 2015.
(3) PoL, 1993.
(4) Tristan Corbière La Rapsode foraine et le pardon de Sainte Anne, Floury, 1920.
(5) Roger Vercel En dérive, Au moulin de PenMur, 1945.
(6) Créées et animées par Yves Prié qui a publié notamment plusieurs ouvrages avec des bois gravés de Nicolas Fedorenko. (7) Créées en 1981 par Hervé Carn, Jean-François Gouiffes, Nelly Kergus et Anne Montfort, rejoints par Yves Bescond, Claude Herviou et Guy Malabry, ont publié pendant une vingtaine d’années des textes courts accompagnés d’estampes.
(8) Carte d’identité, Unes, 1986.

Bernard Noël

L’Ombre du double, divisé en trois parties : L’Ombre du double, Quel est ce visage et Sur le peu de corps, regroupe des textes publiés précédemment en tirages limités. Pourquoi ce livre ? Les quinze questions posées dans la première partie du livre comprenant cinq séquences apportent peut-être des éléments de réponse :
– qu’est-ce que le temps, le mystère, la vue ; – qu’est-ce que le face à face, un visage, la vie ; – qu’est-ce qui nous fait vivant, qu’est-ce que la mort, l’objectivité ; – qu’est-ce que la volonté, le miroir, la raison ; – qu’est-ce que l’amour, l’apparence, la parole.
« La vie qui transhume par un porte-plume est toujours posthume » (8)
Est-ce pour conjurer le sort et rendre vivant l’écrit ? Les deux tiers des textes qui forment le livre furent proposés à différents artistes.

Bernard Noël

Que son format soit modeste ou imposant, qu’il soit protégé par un emboîtage ou non, que cet emboîtage soit luxueux ou utilitaire, le livre se présente toujours avec élégance. Le choix du papier, vélin d’Arches ou de Rives, le plus souvent, si important au toucher, comme le choix de la police ou du corps des caractères ne sont jamais laissés au hasard. L’architecture du livre — toujours en feuillet non cousus : classique quatre pages, accordéon de trois plis formant quatre pages, le recto pouvant seul être utilisé ou lithographie découpée en quatre bandes avec trois pliages, les parties droite et gauche se repliant sur la lithographie, le pliage central achevant de former quatre pages accueillant le texte imprimé ou manuscrit — est parfois inventive, toujours soignée.

(9) Titre de deux livres : le premier paru chez Brandes, 1984 et le second chez Jacques Brémond, 2010. (10) Fenêtres fermées. Les vingt-deux premiers exemplaires sont manuscrits avec la lithographie rehaussée. Séquence 1, Unes, 1987.
(11) Visage d’ombre. Séquence 2, Robert et Lydie Dutrou, 1988. (12) La Partie d’ombre. Séquence 4, La Chouette diurne, 1993. (13) Qui est son visage. Approche 1, Fata Morgana, 2007. Une première édition avec des lavis de Bernard était parue à la Librairie-Galerie Lo Païs, 1989.
(14) Sur le peu de corps, Cahiers des Brisants, 1990.
(15) avec une gravure d’Alain Le Foll, Fata Morgana, 1972.
(16) Fata Morgana, 2007. Une première édition avait été publiée en 2003 dans le numéro 2 de la revue Moriturus, puis en 2007 en volume aux éditions Fissile. Une édition partielle accompagnée de lithographies de Kijno était parue chez Maeght en 2003.
(17) Une Colère d’encre, collage et estampes d’Erro, Dumerchez, 2013.

Ce « présent de papier » (9) offert en partage à des artistes qui en retour donneront une lithographie, Colette Deblé (10), des gravures en couleur, Bertrand Dorny (11), des dessins, Bernard Quentin (12), des peintures, Philippe Hélénon (13), ou des gravures en noir tirées sur chine appliqué sur Rives pour les suites, Olivier Debré (14), marque un parfait moment de complicité et d’amitié entre les artisans du livre : auteur, artiste et éditeur et l’ouvrage convainc toujours le lecteur.

Après ? Bien sûr Bernard n’est pas l’auteur d’un seul livre. L’émotion ressentie est bien différente à la lecture d’Une Messe blanche (15) qui fascine de la première à la dernière ligne ou à celle des Sonnets de la mort (16) dont les peintures de Jean-Gilles Badaire soulignent les sentiments d’horreur et de révolte.

Les livres de Bernard ?

« Le lieu où consonnes et voyelles s’assemblent pour l’acte de pensée rameutant parmi salive et dents creuses la volonté de résister » (17).

Alain Millou

Bernard Noël "Vitesse du visage"
Bernard Noël "Espace en demeure"
Ernest Pignon-Ernest

Ernest Pignon-Ernest

Ernest Pignon-Ernest

invité d’honneur du 21e salon Page(s

Ernest Pignon-Ernest est niçois, il vit et travaille à Paris.

Depuis presque cinquante ans il appose des images sur les murs des cités. Il a souvent collaboré avec des poètes et a notamment réalisé dix sept livres avec André Velter.

Ernest Pignon-Ernest Salon Page(s
Ernest Pignon-Ernest

« … Au début il y a un lieu, un lieu de vie sur lequel je souhaite travailler. J’essaie d’en comprendre, d’en saisir à la fois tout ce qui s’y voit : l’espace, la lumière, les couleurs… et, dans le même mouvement, ce qui ne se voit pas, ne se voit plus : l’histoire, les souvenirs enfouis, la charge symbolique…
Dans ce lieu réel saisi ainsi dans sa complexité, je viens inscrire un élément de fiction, une image (le plus souvent d’un corps à l’échelle 1). Cette insertion vise à la fois à faire du lieu un espace plastique et à en travailler la mémoire, en
révéler, perturber, exacerber la symbolique…»
Interview avec André Velter

Galerie Michèle Broutta

Galerie Michèle Broutta

Galerie Michèle Broutta

L’éditrice et galeriste Michèle Broutta - un parcours exemplaire - .

À l’occasion du salon Page(s Livres en Mai 2018  

…Les Éditions Michèle Broutta publient de nombreux ouvrages mettant en relation artistes/graveurs et écrivains/poètes…

Comme l’exprime Christine Moissinac (Présidente du Fonds GRAViX) :

« Tout au long de sa carrière Michèle Broutta a su être à la fois source d’initiatives, révélatrice de courants d’art, accompagnatrice d’expérimentations sans cesse renouvelées : sa force, alliée à une simplicité sans faille, a fait d’elle un rempart en faveur de l’estampe, la rendant indispensable, incontournable et surtout aimée. »

Née en 1930 à Bourges, elle s’installe à Paris pour y suivre des études de philosophie avec deux autres passions : la photographie et la danse. Son premier stage de 1950 à 1957 la conduit vers les livres aux Éditions Plon où elle rencontre Michel Déon qui est en train d’adapter « La Vie Secrète de Salvador Dali » par Dali, de Michel Tournier et René de Obaldia.

De 1957 à 1964, elle entre aux éditions de « Livres de luxe » que dirige Joseph Foret chez lequel elle participe à la promotion de l’édition de « L’Apocalypse ». Elle y rencontre Dali, Trémois, Fujita, Léonor Fini, entre autres. Par la suite, elle collabore aux éditions Hachette et Atlas.

En 1971, séduite par le travail artisanal d’édition de bibliophilie, elle crée très vite sa propre maison : Les Éditions Michèle Broutta, qui publient de nombreux ouvrages mettant en relation artistes/graveurs et écrivains/poètes. Avec deux chefs d’œuvre dans le domaine de l’édition de bibliophilie, maintes fois exposés dans les musées en France et à l’étranger : « Tristan et Iseult » avec Salvador Dali, et « Mythologie » qui rassemble des gravures de Pierre-Marie Trémois et le premier texte publié par Michel Tournier.

1973 : Création des éditions Œuvres Graphiques Contemporaines (O.G.C.) dédiées principalement à la gravure. C’est aussi à ce moment qu’elle commence à soutenir les artistes dits « Visionnaires » dont Dado, Mohlitz, Le Maréchal, Doaré, Velly, Desmazières, Moreh, Asada, Mathieu-Marie, Lodeho… Suite à sa rencontre avec le sculpteur Vincent Batbedat, elle s’intéresse à l’Art Construit de Seuphor, Luc Peire, Leppien et aux sculpteurs Dietrich-Mohr, Marino Di Teana, Anguera. Et aussi à des artistes plus abstraits comme Béalu et Hagège.

1981 : Ouverture de La Galerie Michèle Broutta au 31 rue des Bergers dans le 15ème arr. de Paris qui va devenir au fil des expositions un lieu de référence pour la gravure principalement, la sculpture et le livre de bibliophilie.

Elle a ainsi fait découvrir des artistes tels que François Houtin avec ses jardins imaginaires, Trignac et ses villes visionnaires à la Piranèse, Doaré et ses mondes fantastiques, Richard Davies, Muron, et aussi Nathalie Grall, première lauréate du Prix GRAViX qu’elle a soutenu et accueilli dans sa galerie tous les deux ans depuis 1982. La plupart des expositions se sont accompagnées de l’édition d’un livre. Plus d’une quarantaine ont ainsi été réalisés sous des formes diverses, à tirages limités : formats, typographie, papier, emboîtage… favorisant des rencontres entre artistes et auteurs. http://www.oeuvresgraphiquescontemporaines.com/livres/

Rachid Koraichi

Rachid Koraichi

Rachid Koraichi

Invité Page(s Novembre 2017

À l’occasion du salon il montre une série de dessins réalisée en dialogue avec le grand poète palestinien Mahmoud Darwish.

Rachid Koraïchi salon Page(s 2017
Rachid Koraïchi salon Page(s 2017
Rachid Koraïchi salon Page(s 2017
Rachid Koraïchi salon Page(s 2017
Rachid Koraïchi salon Page(s 2017
Rachid Koraïchi salon Page(s 2017
Rachid Koraïchi salon Page(s 2017

Rachid Koraïchi vit et travaille à Paris et expose dans différents pays. Plasticien né en 1947 en Algérie, nourri du mysticisme soufi, il continue de labourer le territoire des signes, des symboles, des traces, des spiritualisés pour composer une œuvre multiple.

Il a illustré de nombreux livres pour l’édition de grande diffusion, et a réalisé des livres de bibliophilie dans lesquels ses dessins dialoguent avec le texte, très souvent poétique, qu’ils accompagnent.

La série montrée au Salon Pages a été réalisée en dialogue avec le grand poète palestinien Mahmoud Darwish.

Rachid Koraïchi salon Page(s 2017
Rachid Koraïchi salon Page(s 2017

Yuan Chin Taa

Yuan Chin Taa

Yuan Chin-taa

2017 est l’année Yuan Chin-taa en France.

Invité d’honneur au salon du livre d’artiste Pages en mai 2017.

YUAN CHIN TAA

Itinérance des œuvres en France

Ce plasticien est invité à Pages en mai, puis en septembre au musée Marcel Sahut à Volvic et en novembre au centre multiculturel de Lodève, aux Marches du Palais.

Il présentera un choix d’œuvres sur papier, surtout des livres d’artiste et des installations de papier.

YUAN CHIN TAA

Né en 1949 dans la ville côtière de Zhanghua à Taiwan Yuan Chin-taa est diplômé en 1975 de l’Université normale de Taiwan, Dpt des Beaux-arts, il est Major de sa promotion. Il obtient, par ailleurs, un Master, spécialité Beaux-arts à la City University de New York.

Il mène une activité de créateur en parallèle à une carrière d’enseignant au Département des Beaux-arts de l’Université normale de Taiwan dont il aura la direction.

Il peint jusqu’aux années 90 au lavis des paysages traditionnels de Taiwan, puis des scènes de village, de rue (1990-2000). Des créatures nées de la mythologie locale montrent son intérêt pour l’art populaire.

Il réalise aussi des œuvres sur panneaux de céramique (années 90-95) propices à la critique sociale sur la corruption des magistrats.

Au début des années 2000 des livres-objets en céramique forment des installations polychromes qui rappellent l’impact de la civilisation chinoise traditionnelle.

Les livres d’artiste en papier, des carnets-accordéons apparaissent vers 2010, ils deviendront des installations énormes en papier que Yuan produit lui-même. Les sujets sont des grands classiques chinois, le Classique des monts et des mers, le Classique du thé, Le traité de plantes médicinales,… qu’il revoit avec son œil critique et emprunt d’une sensualité pleine d’humour.

YUAN CHIN TAA
YUAN CHIN TAA
YUAN CHIN TAA